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HISTOIRE DE FRANCE

quante chez les Saint-Simoniens, c’était la laideur d’un Janus[1], conservant dans ce culte l’imitation servile de l’institution catholique.

À une séance solennelle où nous fûmes invités, Quinet et moi, nous vîmes avec admiration dans cette religion de la banque un retour singulier de ce qu’on disait abolir. Nous vîmes un clergé et un pape ; nous vîmes le prédicateur recevoir de ce pape par l’imposition des mains la transmission de la Grâce. Il dit : « À bas la croix ! » Mais elle était présente par les formes sacerdotales, autoritaires, du moyen âge. La vieille religion que l’on disait combattre, on la renouvelait en ce qu’elle a de pire ; confession, direction, rien n’y manquait. Les capuccini revenaient, banquiers, industriels. La suavité fade d’un nouveau Molinos faisait adorer le Gésû.

Qu’on supprimât le moyen âge, à la bonne heure. Mais c’est qu’on le volait. Cela me parut fort. En rentrant, d’un élan aveugle et généreux, j’écrivis un mot vif pour ce mourant qu’on pillait pendant l’agonie. Ces lignes juvéniles, étourdies si l’on veut, mais sans doute excusables comme mou-

  1. Ceci ne touche en rien la candeur des individus. Il y avait des hommes admirables, les Bazard, les Barrault, les Carnot, les Charton, les D’Eichthal, les Lemonnier, etc.