sesseurs, pleins de rapine et de malédiction. Nos celliers ne regorgeaient-ils pas de vin ? Le froment ne remplissait-il pas nos greniers ? Nos trésors n’étaient-ils pas combles d’or, d’argent, de pierres précieuses, de colliers et d’autres ornements impériaux ? Et voilà que nous perdons ce que nous avions de plus beau. Maintenant, si tu consens, viens et brûlons ces injustes registres ; qu’il nous suffise, pour notre fisc, de ce qui suffisait à ton père, le roi Clotaire. »
« Après avoir dit ces paroles, en se frappant la poitrine de ses poings, la reine se fit donner les registres que Marc lui avait apportés des cités qui lui appartenaient. Les ayant jetés dans le feu, elle se tourna vers le roi et lui dit : « Qui t’arrête ? fais ce que tu me vois faire, afin que, si nous perdons nos chers enfants, nous échappions du moins aux peines éternelles. » Le roi, touché de repentir, jeta au feu tous les registres de l’impôt, et, les ayant brûlés, envoya partout défendre à l’avenir d’en faire de semblables. Après cela, le plus jeune de leurs petits enfants mourut accablé d’une grande langueur. Ils le portèrent avec beaucoup de douleur de leur maison de Braine à Paris, et le firent ensevelir dans la basilique de Saint-Denis. On arrangea Chlodebert sur un brancard, et on le conduisit à Soissons, à la basilique de Saint-Médard. Ils le présentèrent au saint tombeau, et firent un vœu pour lui ; mais, déjà épuisé et manquant d’haleine, il rendit l’esprit au milieu de la nuit. Ils l’ensevelirent dans la basilique de Saint-Crépin-et-Saint-Crépinien, martyrs. Il y eut un grand gémissement dans tout le peuple :