Égale de l’Italie pour l’art et la littérature, la Gaule ne tarda pas à influer d’une manière plus directe sur les destinées de l’empire. Sous César, sous Claude, elle avait donné des sénateurs à Rome ; sous Caligula, un consul. L’Aquitain Vindex précipita Néron, éleva Galba ; le Toulousain Bec[1] (Antonius Primus), ami de Martial et poète lui-même, donna l’Empire à Vespasien ; le Provençal Agricola soumit la Bretagne à Domitien ; enfin d’une famille de Nîmes sortit le meilleur empereur que Rome ait eu, le pieux Antonin, successeur des deux Espagnols Trajan et Adrien, père adoptif de l’Espagnol[2] Marc Aurèle. Le caractère sophistique de tous ces empereurs philosophes et rhéteurs tient à leurs liaisons avec la Gaule, au moins autant qu’à leur prédilection pour la Grèce. Adrien avait pour ami le sophiste d’Arles Favorinus, le maître d’Aulu-Gelle, cet homme bizarre qui écrivit un livre contre Épictète, un éloge de la laideur, un panégyrique de la fièvre quarte. Le principal maître de Marc-Aurèle fut le Gaulois M. Cornelius Fronto, qui, d’après leur correspondance, paraît l’avoir dirigé bien au delà de l’âge où l’on suit les leçons des rhéteurs.
Gaulois par sa naissance[3], Syrien par sa mère, Africain par son père, Caracalla présente ce discordant mélange de races et d’idées qu’offrait l’Empire à cette époque. En un même homme, la fougue du Nord, la