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MON JOURNAL.


avons eu, enfant, les mêmes ambitions. Il n’y avait pas de femmes dans mes États et mes hommes étaient tous noirs. Depuis, mes prétentions se sont fort accrues ; il y a deux ans, environ, je n’aspirais à rien moins qu’au trône de France. Aujourd’hui, je suis guéri, j’ai renoncé à la couronne, mais tout en conservant cette opinion qu’il n’est pas indigne de l’homme de concevoir de hautes espérances.

P. POINSOT.


Jeudi 15. — Ce matin Mme Hortense est venue me dire qu’elle allait à la messe et m’a demandé un Massillon. Cet excès de dévotion m’a d’abord surpris et affligé. Que d’erreurs, me suis-je dit, ne va-t-elle pas accepter sans examen !. Tout à cette pensée, je lui ai dit doucement qu’elle se condamnait peut-5tre à ignorer la vérité en n’écoutant qu’un parti ; je l’ai engagée à relire la Profession de foi du vicaire savoyard, à choisir dans la religion. Je lui ai pourtant donné ce Massillon, en lui offrant de lui indiquer les meilleurs sermons, afin qu’elle n’en vît guère que la partie morale et qu’elle passât, surtout, ces pages détestables où l’orateur emploie toutes les forces de son imagination à effrayer celle de son auditoire. Quand elle a été partie, m’examinant moi-même, j’ai cru dé-