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MON JOURNAL.


par enthousiasme ; personne ne périrait que sur le champ de bataille, et à jamais honneur à ceux qui périraient !

Au moment où les chaînes tombent des mains des patriotes espagnols [1], elles vont charger celles des députés de la France. Heureux les hommes que le sort désigne. Ce sont les Lilliputiens qui entraînent Gulliver. Le parti opprimé doit frémir en pensant à son triomphe prochain. Je souhaite qu’en se relevant il ne les écrase pas.

Mais non, quels que soient les excès des ultras, qu’on ne se venge pas ! Qu’ils périssent, s’il le faut, sur le champ de bataille, mais qu’on ne leur donne pas l’honneur du martyre. Cela sert même les causes perdues. Qu’on leur pardonne !...

« Admirable jeunesse, a dit Benjamin Constant, qui prépare à la France une génération qui vaudra mieux que toutes les générations passées ! » C’est l’oraison funèbre du pauvre Lallemand. Ce jeune homme, quoique très attaché à ses opinions, n’en faisait pas plus que les autres. Aucune parade. Quand la cavalerie a commencé à charger, il a reculé avec les groupes qu’on dispersait violemment. Son crime a été de crier en fuyant : « Vive la Charte ! » Un soldat de la garde royale l’entend, l’ajuste, l’étend raide mort. Je com-

  1. Allusion au soulèvement de l’Espagne pour le rétablissement de la constitution de 1812.