fait prendre la plume ; l'impression en est si forte
que Je ne puis m’empêcher de t’en écrire. Après
avoir été étonné de la présence d’esprit du général
Foy pour répondre à toutes les apostrophes
du côté droit et de la hardiesse insolente de M. de
Marcellus, j’arrive à ce moment solennel où la
question est mise aux voix. Au milieu du silence
profond qui succède au bruit, chaque député
s’avance ; quelques-uns montrent au peuple la
boule qu’ils vont mettre dans l’urne. Pendant
toute la durée de ce vote, je me sentais comme
le spectateur d’un combat terrible qui allait décider
du sort de toute une nation.
Le garde des sceaux apparaît, chancelant, et l'on sait à quel parti il se rangera [1]. Le général Tarayre semble dévoré par la fièvre. Mais quelle scène vient animer le tableau ! Chauvelin, perclus, entre, porté par Benjamin Constant.... On croit voir un vieux guerrier qui, ayant perdu ses jambes au combat, se fait porter sur une redoute pour la défendre ! Et quel est celui qui le porte ?... Ici, l'émotion est si vive que je ne puis retenir mes larmes. Je fais des vœux ardents pour la cause de la liberté et ses généreux soutiens.... Enfin, le scrutin est dépouillé. Dans mon absorption j’avais oublié qu’il ne s’agissait plus de la loi électorale elle-même, mais d’un amendement, et je vois :
- ↑ M. de Serre.