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MON JOURNAL.



J’aime beaucoup à varier mes lectures. En ce moment, je mêle avec plaisir à mes auteurs grecs, Fénelon. Dans la première partie de l'Existence de Dieu les observations physiques me semblent triviales et la métaphysique, souvent vague et faible. Mais tout ce qui touche au sentiment est admirable. La prière qui termine est supérieure à la belle invocation de Bernardin de Saint-Pierre. En celui-ci, il y a une âme douce qui se console de son isolement par la religion. Dans Fénelon, on ne voit plus la terre, on est dans l’attente et déjà dans les premiers ravissements de la possession de Dieu.

Nulle part il n’y a d’aigreur dans sa controverse. Il sait, il sent, il avoue, après avoir détruit les sophismes des Épicuriens, qu’il est homme et peut, comme eux, se tromper.

La seconde partie du livre est incomparablement supérieure à la première. Le commencement, où l’analyse est si simple, si hardie, cette belle métaphysique, interrompue par de sublimes élans, m’a rappelé Pascal.... Ceci est à relire : De la simplicité de Dieu.

Mardi 23 (mon examen de conscience). — Je