Page:Michelet - Mon journal, 1888.djvu/56

Cette page n’a pas encore été corrigée
14
MON JOURNAL.


PREMIÈRE LETTRE DE POINSOT À MICHELET [1].


23 mai 1820.
(Avant d’avoir reçu celle de son ami.) .


Je finis mon service à onze heures ; je déjeune, et à midi : je suis dans ma chambrette. Je prends Condillac ; à cinq heures, je descends dîner. Sais-tu ce que j’en ai lu en cinq heures ? vingt pages !

Persuadé que quand on lit des ouvrages abstraits et qu’il se présente des difficultés, il ne faut pas passer outre sans les avoir levées, je me suis attaché à bien comprendre tout, et ne suis pas sorti d’une phrase tant qu’il m’est resté quelques doutes. Cinq ou six notes que j’avais prises dans Laromiguière m’ont été de la plus grande utilité, car sans elles, j’aurais admis comme justes, des principes faux et leurs conséquences. J’ai donc cherché à concilier les manières de voir différentes des deux auteurs, ou plutôt, j’ai réfuté l’un par l’autre, et j’ai fait moi-même des commentaires sur Condillac, que tu verras.

  1. La correspondance entre les deux amis ayant bientôt cessé et les lettres de Poinsot étant peu nombreuses, nous les donnons pour que le lecteur connaisse mieux celui que Michelet a tant aimé, qu’il allait perdre sitôt !