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MON JOURNAL.

leur père aveugle, et celui où elles le revoient après que Thésée les a délivrées de Créon.

Xénophon me choque par sa partialité pour Lacédémone. Il est vrai que sans parler de la reconnaissance qu’il lui devait et de son amitié pour Agésilas, les Lacédémoniens, en général, étaient alors les seuls hommes de la Grèce. Il est moins amusant qu’Hérodote ; il écrit l’histoire d’un siècle plus avancé, par conséquent, les traits originaux sont plus effacés ; les hommes et les peuples se ressemblent davantage. N’ayant guère à raconter des mœurs étrangères, il ne peut intéresser par la variété ; mais il est supérieur par le sentiment et le caractère religieux. Il paraît moins impartial que Thucydide, peut-être parce qu’il a plus de chaleur. Généralement, les Helléniques me semblent inférieures à la retraite des Dix-Mille. Xénophon y est plus auteur. Sa partialité est frappante. Il parle avec mauvaise humeur d’Iphicrate qui, pouvant empêcher les Thébains de sortir du Péloponèse, leur donne passage au détriment de Lacédémone. Il loue Épaminondas, mais sèchement, le nomme peu, abaisse ses plus grandes actions, diminue surtout la gloire de la victoire de Mantinée. Après avoir lu cet ouvrage, je le croirais plus facilement capable d’avoir été jaloux de Platon.