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MON JOURNAL


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MAI


Jeudi 4. — Poinsot est parti [1] ! Je l'ai conduit ce matin à Bicêtre. Se sentant des aptitudes supérieures, il a quitté la pharmacie pour la médecine. Ces deux années que nous avons vécues ensemble, ont passé comme un songe. Emportés tous les deux dans des voies diverses, loin de nous sentir jamais séparés, on eût dit que cette divergence même dans nos études, nous attirait plus fortement l'un vers l’autre. Nous étions comme deux éléments dont les affinités différentes se recherchent pour se compléter . . . . . . .

Le voilà seul là-bas. Je suis seul ici. Pas une larme en nous quittant, et cependant le cœur en reste mutilé. Je ne crois pas que deux âmes se soient jamais ressemblées à ce point. Nous serions le même homme, si nous avions. été placés dans

  1. Voir Ma Jeunesse, pages 53 et 311.