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XX
PRÉFACE.

Fontaine, Voltaire, Rousseau, etc., à l’âge où l’avenir n’était encore pour eux qu’une obscure énigme ; — un journal, donnant les prémices, les germes de telles âmes !… Un journal enfin, écrit, comme celui-ci, dans la plénitude du cœur (mot favori de Michelet) et laissant voir, réellement, le dessous, non le masque…

Rien de tout cela n’a été retouché. Michelet indique d’un mot, l’intention de revenir sur ces notes parfois trop brèves : « Ce n’est qu’une clef pour mes souvenirs. » — Quant à la forme, on y verrait plus tard. Évidemment c’est là ce qu’il a voulu dire. Mais ce plus tard n’est pas venu pour le Journal de la vingtième année ; le style et les pensées ont l’âge du siècle (1820).

Au milieu de la vie, — plus d’un l’a observé, — c’est vers l’heure qui fit éclore nos premières émotions, que nous revenons le plus volontiers. Que ces trop courtes années de notre adolescence aient été heureuses ou malheureuses, il n’importe ; c’est ce qui reste en nous de plus cher, de plus vivace.

Ces retours aussi fréquents qu’involontaires vers notre point de départ, ne sont-ils