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XIX
PRÉFACE.

pourquoi il est triste, pourquoi il hait, pourquoi il aime, un tel livre, tout humain, est comme un miroir où chacun se reconnaît et se retrouve.


Son titre même : Mon Journal, nous dispenserait de dire que, pour la forme, ce livre ne peut ressembler à celui qui l’a précédé. — En ses éléments, Ma Jeunesse est l’œuvre de l’âge mûr. C’est surtout à quarante ans, cinquante ans, que Michelet a fait revivre, pour nous avec tant de bonheur, et son enfance et ses quinze ans.

Dans « Mon Journal », au contraire, c’est un jeune. homme encore dans sa chrysalide, qui note les événements d’une vie solitaire, ses rares joies, ses tristesses fréquentes. Aucune recherche de style. S’il se montre sévère, c’est pour lui-même ; si, dans ses Examens de conscience, il se gourmande, c’est de valoir trop peu.

Voilà ce qui fait encore le grand mérite de ce livre. Qu’on songe au prix inestimable qu’aurait aujourd’hui, pour les biographes, un Journal ainsi tenu, par Molière, La