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DE MES IDÉES.
1824

19 avril. — Fêtes de Pâques. — Ce moment-ci est décisif pour ma vie morale. Il est probable que si j’ai du courage, je marcherai cette fois d’un pas ferme[1]. Pour ce qui est de la culture de mes facultés, je crois les conseils de M. Cousin[2] excellents pour ma vie entière, et ceux de M. Villemain, bons seulement pour le moment actuel. Il voudrait me voir faire une histoire de la littérature grecque en huit ou dix volumes. On apprend à penser en écrivant. Examinons donc ce sujet. Il serait difficile de ne pas rencontrer sur sa route Anacharsis, à moins de ne choisir que dans les auteurs postérieurs à son voyage.

Faut-il un cadre ?… S’il en faut un, lequel prendre ? Les Soirées d’Aspasie ? Ce titre est alarmant, il annonce un livre de boudoir et d’ailleurs, c’est l’époque d’Anacharsis. Les Soirées d’Hypatia ou de Julien ? Mais ceci n’embrasse pas encore toute la littérature grecque. Les Jardins de Médicis ? Ce titre fait penser à la littérature italienne. On ne pourrait, d’ailleurs, citer par comparaison

  1. Michelet venait d’épouser Mlle Rousseau.
  2. Ce fut au commencement d’avril de cette même année que, Michelet vit M. Cousin pour la première fois. Il lui fut présenté par son condisciple et ami M. Poret, qui travaillait aux traductions que faisait le philosophe.