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DE MES IDÉES.

meilleure ? Je crois qu’il faudrait lire d’abord les ouvrages généraux des philosophes qui semblent avoir rapport au sujet. C’est quand ce rapport serait mieux connu, qu’on pourrait suivre, avec fruit, cette marche.

Mes premières idées étaient trop étroites. Il ne s’agit pas de multiplier les citations et de les coudre, il faut tâcher de généraliser certaines remarques, de se faire des principes — s’il se peut — et déplacer des exemples, quand ils se présentent naturellement comme confirmation. Il faut choisir non seulement dans les vocabulaires, mais dans les langues ; il faut tâcher de montrer les révolutions qu’elles ont subies, correspondant aux révolutions que subissait la société, et d’en tirer la Preuve de l’histoire des mœurs… Grand travail, mais qui n’est pas au-dessus des forces de la volonté[1].


A la fin de l’année, une circonstance particulière me fait trouver dans mon cœur, plus que dans mon esprit, le besoin de faire un livre où je chercherais les moyens d’améliorer le sort des femmes.

  1. L’esquisse qu’on vient de lire, est suivie d’un dictionnaire où chaque mot, pris dans la langue de divers peuples, donne, approximativement, la date de son apparition. Ce n’est qu’un essai, à vrai dire ; mais il indique la méthode qu’il faudrait suivre.