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JOURNAL


velles, et l'homme poursuivra, sans jamais l’atteindre, cette perfection de connaissances où les sciences ne cachant plus ni différence, ni rapport, s’appelleraient de nouveau la Science, comme l’ignorance complète les avait déjà nommées.

Entre ces rapports des sciences, l’un des plus frappants, est celui de la philologie à l’histoire des mœurs. Chaque peuple fixe dans son vocabulaire, dans sa syntaxe, le caractère de ses mœurs et de sa civilisation. Par un certain nombre d’exemples bien choisis, on peut révéler le génie d’un peuple d’après son vocabulaire ; mais pour y trouver son histoire, il faut savoir préalablement : 1° l'Histoire du peuple ; 2° celle de la langue. Cette dernière connaissance suppose une lecture attentive des auteurs de tous les siècles.

Une pareille étude pourrait former une science à part, sous ce titre : Philosophie historique des langues. Cette science serait, en effet, un produit de la philosophie de l’histoire et de la philologie, comme résulte de la géométrie et de la minéralogie : la Cristallographie ; comme de la zoologie et de l'anatomie : l’Anatomie comparée.

Lorsqu’on effet, les observations auraient été répétées et recueillies dans des ouvrages spéciaux sur un grand nombre de langues différentes, ne pourrait-on pas classer ces observations et en faire des formules générales, de sorte que, l'His-