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DE MES IDÉES.

chap. II à la fin). Mme de Staël dans l’Allemagne[1], entrevoit ce que de telles recherches auraient d’intéressant. Joseph de Maistre aussi (Soirées), mais aucun écrivain, que je sache, n’a cherché ces rapports dans la langue grecque. Foncius et quelques autres qui — dans leurs histoires de la langue latine ont parlé eu passant de ces analogies — étaient trop exclusivement philologues pour sentir toute l’importance philosophique d’une telle étude. D’ailleurs, ils n’ont guère marqué que les mots techniques qui ont successivement indiqué l’histoire des mœurs. Cela n’apprend rien ; c’est ce que l’histoire nous a dit déjà. Peu importe de remarquer que le nom de César devient un nom de dignité. Les expressions qui, sans être techniques, ont pris l’empreinte des mœurs d’un peuple, de la forme de son gouvernement, voilà ce qui éclaire l’histoire.

Lorsqu’on commence à employer dans les sciences une analyse plus sévère, à mesure qu’on en connaît mieux les détails, ces sciences se détachent les unes des autres et semblent se séparer. C’est l’effet du premier regard ; les différences frappent d’abord. Un examen plus attentif va montrer les ressemblances ; les objets reparaîtront liés par leurs rapports naturels. De ces rapports se formeront entre les sciences acquises, des sciences nou-

  1. Tome I chap xii.