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voyance humaine. Peut-être même, arriverait-on à trouver le régulier bien plus sûrement qu’on ne le croit d’abord au premier regard. Si l’on examine un fait isolé, il reste d’abord très douteux qu’il appartienne à l’individu ou à l’espèce. Mais plus le nombre de faits embrassés d’un seul coup d’œil est grand, plus la période historique est longue, plus môme un seul fait a de causes nombreuses, plus il est probable que c’est à l’espèce qu’il appartient, parce qu’il est peu admissible que dans un grand nombre de déterminations libres prises dans un âge quelconque de l’humanité, la plupart l’aient été dans un sens contraire aux sentiments qui caractérisent cet âge.

Ces recherches portent en elles un haut intérêt. Il est si curieux de retrouver dans le langage, l’image vivante des mœurs, des opinions que l’on connaît déjà par l’histoire, la littérature, etc. Non seulement on retrouve ce qu’on connaît, mais on fait de nouvelles découvertes, soit dans l’histoire, soit dans la philosophie. N’y trouverait-on même aucun résultat positif, rien n’amuse plus l’esprit que ces analogies variées, hypothétiques, qui mettent souvent sur la voie de vérités plus sérieuses.

Malheureusement ce genre d’études a été jusqu’ici assez négligé. Herder en dit un mot (livre X.