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DE MES IDÉES.

Dans ce morceau[1], il y a deux choses distinctes dont la seconde n’est qu’en germe, et qu’on pourrait appeler : la métaphysique de l’histoire c’est-à-dire, la généralisation, la simplification dès principales masses de faits. Ce serait là véritablement, l’histoire de l’humanité comme individu, si toutefois il est possible, sans s’éloigner de la vérité, de réduire une chose si multiple à une parfaite unité.

Il y aurait aussi dans ce livre, ce qu’on pourrait appeler la Logique de l’histoire. Elle consisterait à séparer, autant que possible, le régulier de l’accidentel ; à noter ce que la marche de l’espèce amène de faits isolés qui accélèrent cette marche ou lui font obstacle, car la liberté souvent capricieuse de l’homme, doit produire de fréquentes anomalies.

Cette science nouvelle est, je le sais, plus difficile qu’aucune autre science philosophique, mais cela est fait pour tenter. Il ne s’agirait d’ailleurs, que d’approcher le plus possible, des probabilités. Le régulier une fois trouvé, on en chercherait les règles. C’est alors que la science commencerait à se former. Lorsque plusieurs générations l’auraient cultivée, elle deviendrait capable d’ajouter infiniment à la certitude et à l’étendue de la pré-

  1. Il se trouve dans le tome III de Dugald-Stewart qui est cité plus haut.