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JOURNAL

mœurs des peuples trouvée dans leur vocabulaire.

Cette idée est tout une genèse. Avant tout, il faut connaître l’histoire des mœurs ; puis, en généralisant, l’Histoire de la civilisation.

Quel beau monument à élever ! me disais-je… Et me voilà méditant l’Histoire de l’espèce comme individu. En lisant le morceau de Dugald-Stewart (I. III. Histoire des sciences morales et politiques) ma pensée a fait bien du chemin[1]. J’ai senti que ce titre : Histoire de l’espèce, supposerait que l’histoire de la civilisation est déjà bien connue. Croyant que le livre de Condorcet était une esquisse en ce genre, je m’étais mis à la lire. Mais j’ai dû bien vite m’apercevoir que si l’on embrassait le sujet dans toute sa grandeur, l’histoire du progrès du genre humain, telle que Condorcet l’a esquissée, n’en serait qu’une face. Il néglige totalement la partie historique, et surtout ce qui regarde la religion. C’est la marche des sciences qu’il a principalement suivie.

Je me suis plutôt attaché au morceau de Cousin qui seul a le caractère de généralité parfaite.

  1. C’est la lecture de Dugald-Stewart qui, dès cette année même (1821), éveilla l’attention de Michelet sur Vico. On a dit, à tort, que ce fut Cousin qui révéla au jeune homme l’existence du grand philosophe juriste italien et lui donna le conseil de le traduire. Michelet, on le voit par le journal de ses lectures, n’a connu M. Cousin qu’en avril 1824.