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DE MES IDÉES.

sir au livre que j’avais voulu faire en 1819 : Caractère des peuples trouvé dans leur vocabulaire. J’étais parti de Sophocle. Quelque respect qu’on ait pour son public, il faut bien l’avertir de ramener son attention sur une partie de la philosophie trop méprisée depuis quelque temps. La route de l’étymologie est périlleuse, mais c’est une route aussi.

Si hypothétiques que puissent être les choses qui y seraient contenues, peut-être ce faible essai éveillerait-il un génie ou un esprit plus exact. A celte date, 1819, je retrouvai mon idée en germe dans Gibbon et je laissai là tout. Depuis, j’ai repris sous des formes diverses mon premier projet ; tout récemment, j’ai divisé l’ouvrage en deux parties : la première historique, la seconde métaphysique. Dans celle-ci, viendrait se fondre un extrait de la Sapientia Italorum et beaucoup de mots de la Science nouvelle. Dans la partie historique, j’aimerais assez à supposer la destruction du monde ancien. Tout aurait péri, sauf le vocabulaire des principales langues européennes. Un habitant du Nouveau-Monde, un Américain, entreprendrait de reconstruire toute la civilisation avec ce vocabulaire. Ce serait là, l’Introduction très piquante du grand ouvrage. Aujourd’hui même, j’ai modifié ce dernier plan et le titre du livre ; je préférais celui-ci : Histoire des