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MON JOURNAL.


hommes, qui croit que les dieux s’occupent de lui. L’attendrissement pour les animaux qui ne nous font pas de mal et qui partagent nos travaux revient aussi plusieurs fois... La scène est en automne ; les fruits, la fumée, de délicieux contrastes : la fumée qui monte et l’ombre qui descend du haut des monts... Il y a de la philosophie dans cette fin.

La mienne en est singulièrement relevée. Elle me conseille, à l’exemple du grand saint que j’honore, de ne plus me retrancher dans un isolement égoïste, mais de prendre une âme généreuse et de l’occuper des maux de l’humanité. Que sont les miens, mes chagrins individuels, si je les compare ? Des piqûres irritantes peut-être, mais enfin de simples piqûres. Résignons-nous ; acceptons d’un cœur viril la destinée qui nous est faite ; disons-nous chaque matin, pour nous fortifier, que le devoir seul importe, et que tout le reste n’est rien.


FIN