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MON JOURNAL.

8 novembre. — De quelque côté que je me tourne, déception et tristesse. Je me réfugie tout entier dans l’antiquité.

Saint Virgile ! divin Homère ! recevez votre enfant.

Virgile, né au milieu des alarmes de la guerre civile, fut attristé dès sa jeunesse par les malheurs de la patrie, de sa famille. Il retrouva cependant la paix et le repos. Mais cette âme douce ne pouvait se faire un bonheur isolé ; «lie se reprochait d’être exceptée des malheurs du monde. Tel est le sentiment qui a inspiré la première églogue. Les cinq premiers vers sont une exposition. Il semble que le poète s’y parle à lui-même. Tous les sentiments humains animent successivement cette églogue ; l’amour de la patrie, la reconnaissance, la pitié, l’amour.

Il s’agissait d’émouvoir l’auteur des proscriptions. C’est pour cela que les bergers sont naïfs et simples, plus que dans une autre églogue, crédules même : Stultus ego, non unquam gravis ære. Ludere quæ vellem.... Carmina nulla canam.

Traits charmants, qui peignent tout le poète. On a pitié de ce pauvre berger persécuté par les


    d'un livre sur la Vieillesse et la Mort. Il en a donné la composition dans une table analytique. Après avoir écrit son beau livre : Nos Fils (1869), il voulut, avant de mourir, affirmer la vie et l’immortalité.