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MON JOURNAL.


Je reste suppléant. Je vois, au contraire, avec plaisir, que Poret monte dans l’estime et la faveur du directeur de Sainte-Barbe. Sa lettre qui me l'annonce, est pleine de verve [1] :

« Grandes nouvelles ! cher ami. Je commence par la plus claire et la plus sûre. 1° C’est que je vais avoir demain ou après, une chambre à moi au collège pour passer l’intervalle des classes. Je pense que tu la connais : c’est ce joli petit cabinet auprès de mon ancienne grand’ chambre de mémoire morfondue. Il me semble t’y avoir mené une fois pour te chauffer pendant l’absence de Guérin (professeur de troisième) qui l’occupait.

« Ainsi, je travaillerai avec assiduité -et sans dérangement involontaire ; ainsi, je te recevrai au coin de non feu et tu ne me feras plus de visites ambulantes en plein champ, quand il gèle à huit degrés.

« 2° Ceci est plus gravé, mais aussi plus obscur : le directeur (M. Nicolle) m’a donné à entendre tantôt, d’une manière très enveloppée, que son frère (le recteur) songeait à aider l’enseignement de l’histoire par des répétitions faites aux meilleurs élèves. Je lui ai arraché le dernier mot

  1. Nous donnons cette lettre pour la compréhension de la phrase qui en accompagne la lecture ; elle a aussi le mérite de bien peindre la situation. Mme J. M.