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MON JOURNAL.


sont pas rieuses, elles sont hautaines. De celles-ci, j’ai eu la terreur d’abord. Elles découragent. Et puis, bonnes tout à coup, faciles... Mais avec qui ? Avec ceux qui brusquent les choses et les outragent. Dites non, peut-être ? » — « Mon expérience, cher ami, n’est pas à la hauteur de la vôtre ; j’entrevois pourtant la part de vérité de vos griefs. A tout prendre, je crois que je préférerais encore les rieuses aux femmes hautaines. Notez que si les premières sont de plus en plus rieuses, ce n’est pas toujours pour attirer, tenter, comme vous le croyez, et se moquer ensuite. C’est aussi pour éluder, et se défendre, sans faire trop de peine. Ou bien encore, si elles ont été prises une fois, c’est une revanche... A qui la faute ? Ne riez-vous pas vous-même quand la mésaventure arrive à l’un de vos camarades ?... » L’heure de la classe nous a séparés.


Juillet 12. — Poret vient de donner raison à ma façon de penser sur la royauté des bureaux. Voici la lettre qu’il m’écrit au sujet d’un article qu’il m’a chargé de présenter à M. Villemain. « ... Cher ami, quel que soit le jugement du maître, il ne l’attribuera pas à un roué littéraire. S’il me juge incapable d’écrire dans les journaux et spécialement dans le Journal des Débats (ce qui est très possible), il trouvera peut-être quel-