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ANNÉE 1822

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1er février. — Gibbon [1], Deslandes [2], Dugald-Stewart[3], de Gérando[4], voilà ma pâture philosophique pour la fin de l’hiver. Mais pour tenir l’esprit en santé, j’ai éprouvé, bien souvent déjà, qu’il faut varier ses lectures comme on le fait pour ses aliments. On passe des uns aux autres, — parce sage régime, avant d’en avoir perdu la saveur et l’envie. Nos lectures doivent donc être alternées. 11 faut qu’elles soient tantôt un travail, tantôt une récréation. En ce moment, pour me récréer, je lis Walter Scott, auquel je prend beaucoup de plaisir ; mais pour ses descriptions seulement, car je n’ai jamais compris le roman historique. Outre qu’on ne sait jamais où finit la fiction et où commence le réel, on y perd le goût de l’histoire vraie

  1. Gibbon : Histoire de la décadence de l’empire romain.
  2. Deslandes : Histoire de la philosophie.
  3. Dugald-Stewart : Histoire des sciences métaphysiques morales et politiques.
  4. De Gérando : Des Signes et Le Visiteur du pauvre.