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MON JOURNAL.


de perspective qui vous subjugue. On voudrait que le sommet de cette montée triomphale, fût consacré par un souvenir héroïque.


Lundi 17. — Je suis allé de bonne heure chez mon ours, lui rendre compte des nouvelles que j’avais recueillies la veille.

Il en résulte pour lui, l'assurance d’être reçu dans un bon rang. J’étais charmé d’être le premier à le lui dire.

D’après ses informations, il paraîtrait que M. Nicolle pense à nous pour la rue des Postes. D’un commun accord nous écrivons, afin de l’esquiver. Cela fait, nous sommes partis pour Saint-Mandé. Chemin faisant, il me lisait les Mémoires de Mme Roland que j*écoutais par complaisance. Cette lecture est trop orageuse pour moi. Nous nous sommes assis sur un arbre renversé par Forage, à la même place où nous nous étions reposés un mois avant le concours. Je me promettais alors d’être heureux après. Et comment, mon Dieu !... mon cœur de nouveau, est bien malade !


Vendredi 21. — J’achève Garat : Des Mémoires de Suard et du dix-huitième siècle. Le titre seul jure ; il faut une tête étroite pour avoir accolé de telles choses. C’est l’adorateur des académies et des salons. Il sent le dix-neuvième siècle,