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MON JOURNAL.


gentiment de ma maladresse. Après le rire, est venue l’émotion. « S’il nous voyait ! » Cette exclamation douloureuse, au même moment, nous a échappé. J’ai craint de m’attendrir dans ce tête-à-tête solitaire, je me suis brusquement esquivé.

En quittant la sœur — les premières compositions pour les prix ont diminué mes heures de leçons — je suis monté près du frère. La couronne que j’ai mise sur sa tombe le lendemain de son enterrement est bien flétrie. Que doit-il donc en être de ce qui est dessous ? Mais mon ami ne peut être là. Où es-tu donc ? M’entends-tu ? ...

Après avoir arrosé le saule, je me suis assis du côté qui regarde la barrière du Trône et Bicêtre. Là, j’ai lu pour la vingtième fois Paul et Virginie, et j’ai pleuré comme un enfant. Heureusement au retour, les occasions de me relever se sont offertes. MM. de Flotte et de Pry m’attendaient. Le soir, M. Fourcy est venu me lire une ode qu’il a composée sur la liberté de la Grèce. Nous avons convenu de la traduire en grec pour l’envoyer ensuite à Athènes.

Dimanche 15. — Ce matin, M. Villemain m’a reçu avec une extrême bonté. Il m’a lu ses vers latins au roi. J’ai eu l’occasion d’observer que c’est un mauvais moment pour lire ses propres