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MON JOURNAL.


arts, etc. Je n’ai pas voulu lui répliquer que j’envisageais les choses de plus haut. A quoi bon ? Je ne sais à quel propos j’en suis venu à parler de la spiritualité, de l’immortalité de l’âme. Il m’a ri au nez et m’a développé, comme il a pu, son matérialisme. J’ai senti, à ma colère, qu’on ne devrait jamais disputer.

Jeudi 5. — Vu enfin M. Millon, qui m’a paru tenir le milieu entre l'huître et l'homme. C’est l’idéal de l’ennuyeux.

Dimanche 8. — Journée solitaire et sédentaire. Je me suis avisé de commencer un discours français. J’ai choisi Grégoire de Nazianze à Julien. J’ai écrit quatre grandes pages avec une indomptable ardeur. Puis, est venu, le tour de la philosophie avec Destutt-Tracy. Ce sont là les bons moments. J’oublie tout, je ne vis plus que dans mes pensées.

Samedi 14. — Ce matin, je suis passé chez les les dames Poinsot. J’ai trouvé Virginie, toujours languissante, occupée à faire des confitures de groseilles. Comme elle n’avait personne pour l’aider à les tordre, je me suis offert. J’en ai encore les mains toutes rouges. Ces jolis détails de ménage intéressent. Virginie, c’était son droit, a ri