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MON JOURNAL.


je n’entrevois pas la possibilité de mieux faire. Mais bientôt, plus calme, je me range à ses conseils et m’efforce de les mettre à profit.

Samedi 30. — Monté entre deux leçons au cimetière. Le temps était selon mon cœur, triste et pluvieux. Une couronne fraîche venait d’être déposée. J’ai senti la main et le cœur d’une femme ; je lui ai su gré de ce souvenir.

Quand je compare ce mois-ci à celui de l’an passé, il me semble que je sois mort avec lui. Rien de la vie ne me plaît plus, rien ne m’égaye. Même ce journal que je faisais avec tant de plaisir et d’entrain quand il était là pour le lire, maintenant ne me charme plus. Si ce n’était un devoir de l’écrire pour m’améliorer, je crois que je l’aurais abandonné tout à fait. Une seule chose garde pour moi tout son intérêt, l’exercice de la charité. Je suis allé hier faubourg Saint-Jacques porter à mes anciens pauvres, quelques billets pour la distribution des vivres.

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JUILLET


Dimanche 1er. — Lu et traduit, pour sanctifier mon dimanche, la parabole du Semeur, Écarter l’ivraie du bon grain pour qu’il monte haut et fort,