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MON JOURNAL.


une partie de ma leçon. Il a pu se convaincre que je sais tenir une classe.

Dimanche 24 (jour de la Saint-Jean et Fête-Dieu). — Je suis allé ce matin prendre des nouvelles des dames Poinsot. J*ai trouvé la mère tout à fait remise, occupée à ses écritures, et Virginie faisant le ménage, toujours très pâle. En les quittant, je suis monté là-haut avec une couronne de roses. Le cimetière en est lui-même rempli. Elles font aux tombeaux, mêlées au gazon très haut à ce moment de Tannée, la plus aimable parure. Toutes les herbes de la Saint-Jean finement odorantes. Au milieu de cette fête de la nature, dans ce beau mois voluptueux plein de vie et d’amour, la philosophie de la mort devient souriante. En me promenant à travers les sépultures, j’ai fait l’agréable découverte d’un grand réservoir plein d’eau. Je porterai mon arrosoir pour arroser, non seulement les fleurs que j’ai mises sur le tombeau de mon ami, mais encore, celles qui souffrent de la soif sur les tombes négligées. C’est déjà le cas pour ce pauvre Lallemand. II semble que personne ne soit venu depuis que les rosiers ont été plantés. Ils sont plus qu’à moitié morts. Je suis descendu chez le concierge acheter pour lui une belle amarante. De retour à la maison, bien clos dans mon cabinet, j’ai fait des vers la-