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MON JOURNAL.


qui formulent des vérités éternelles, indépendantes de toute religion établie. Bien avant qu’un jeune et savant rabbin eût l'idée de les réunir, elles étaient le patrimoine des plus antiques nations, mais elles étaient éparses. En les groupant dans le beau livre des Évangiles, le Christ et les apôtres ont rendu un grand service à l’humanité.

Ce matin j’ai traduit dans saint Jean la parabole : Personne ne peut voir le royaume de Dieu s’il ne naît de nouveau.

Et celle-ci encore : Travaillez, non pour la nourriture qui périt, mais pour celle qui se conserve jusqu'à la vie étemelle.

Cela est haut, et noble, et fécond.

Jésus a dit encore : « Un câble passerait par une aiguille plutôt qu’un riche n’entrerait dans le royaume des cieux. » Je ne sais si la fortune ferme à celui qui la possède les portes du paradis, mais je sens que la seule société, le seul contact des riches est une grande entrave pour la liberté morale. On peut ne les voir que dans un but de charité, pour en tirer de quoi donner aux pauvres. Mais cela même mondanise, vulgarise ; on en vient, insensiblement, à estimer l’argent plus que le mérite.

Lundi 21. — Enterrement de Camille Jordan [1].

  1. Camille Jordan, élu député en 1816, après avoir été deux ans