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MON JOURNAL.

Mais quelle induction tirer de ces retours de nos morts dans les songes ?... Ces visions des nuits, même lorsqu’elles ne sont que bizarres, ne nous fournissent-elles point la preuve que la personne aimée, regrettée, n’est pas encore tout à fait sortie de ce monde ?... Son âme erre, peut-être, quelque temps encore autour de nous, avant de s’affranchir, à jamais, de ce qui fut sa destinée première !

Cette question que j’adresse si souvent à Poinsot et à d’autres qui m’ont précédé, me ramenait ce matin, tout en cheminant, à ma conversation avec M. Villemain. La comparaison que nous faisions des grands hommes à des soleils, peut très bien s’appliquer à toute l’humanité. Nous ne serions, nous les humbles, que d’indécises nébuleuses, de petits mondes en formation, mais assujettis déjà aux mêmes lois de gravitation que les étoiles. Dès lors, nous ne pourrions nous séparer brusquement, comme par magie, de notre atmosphère terrestre. Cela se ferait peu à peu, graduellement, ainsi que nous le voyons pour les comètes qui passent devant nos yeux. Elles nous livrent, peut-être, le secret de nos destinées futures.


    que faisait Poinsot. A Bicêtre, il disséquait surtout des parties du corps humain. M. Michelet revient plusieurs fois, dans ses notes, sur la sensation pénible, désagréable qu’il en éprouvait. Cette sensation devait lui revenir dans les songes, mêlée au souvenir de son ami.

    Mme J M