tion si prompte m’a plus affecté que n’auraient fait les larmes. Elle m’a prié d’aller reprendre les effets et les livres qu’il avait laissés à Saint-Louis dans l’espoir d’un prochain retour. Je frémissais d’avance, à l’idée de toucher ces tristes dépouilles encore tièdes de sa pauvre vie. Je l’ai fait pourtant.
Rien de plus cruel. J’ai tout ramené dans
ma chambre, en attendant que la famille me le réclame comme c’est son droit. Mais je garderai pour
moi la plus chère relique, son petit carnet où il a
écrit ses pensées les plus intimes, qui a reposé si
longtemps sur son cœur ! Pendant que j’examinais
quelques livres mêlés à ses habits, Poret est venu
me surprendre. Je n’ai pu d’abord lui parler. Cette
émotion durera longtemps encore. Il a bien voulu
examiner avec moi l'épitaphe qui conviendrait le
mieux. II y en a de si absurdes !
Jeudi 1er. — M. Dacier vient enfin d’accueillir ma demande. Il m’a fort obligeamment donné son domestique pour porter sa décision à M. Van de Pradt. Les livres seront désormais mon refuge. Dans une si courte vie, que de deuils et quelles pertes ! Maintenant qu’il n’est plus rue d'Angou-