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MON JOURNAL.

pas le droit. D’autres aussi, ceux qui m’ont fait ce que je suis au prix de tant de sacrifices, se réclament de moi. Comment donc faire ?

Lundi 8. — Toute une grande semaine d’écoulée sans que rien me revienne de ma propre existence. Rien, en dehors de mes leçons et de mes visites à Saint-Louis.

Je me souviens seulement que jeudi dernier, après avoir vu l’ami, j’ai poussé jusqu’à la Bibliothèque pour savoir ce que devenaient les négociations entamées au sujet de l’emprunt des livres. Renvoyé de M. Dacier à M. Van de Pradt, je n’ai pu rien obtenir et je suis sorti furieux de la sécheresse de ce dernier. Je cours chez M. Villemain lui conter mes mésaventures, mais là, point d’auditeur. Il était sorti dès le matin. Au retour, je trouve Bodin qui venait prendre sa leçon, et voilà une journée finie.

Jeudi 11. — Rien que Poinsot ! Il est dans un si pitoyable état de santé et l’âme est tellement abattue, que j’ai fait la course, le cœur plein d’angoisses. — Heureusement, il allait mieux. Je constate une chose qui importe : dès que l’air est plus léger, il semble reprendre le dessus. Que le printemps revienne donc !….