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MON JOURNAL.


Cette fièvre de travail va jusqu’au milieu de Thiver. Puis, tout à coup, quand la nuit décidément se ferme, vers la fin de décembre, mon imagination tombe si bas que je ne peux plus rien m’assimiller. C’est alors que je me ferais volontiers traducteur, commentateur, compilateur, que sais-je ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

J’accepterai donc l’offre de M. Leclerc, je traduirai dans cette saison de sommeil, le traité des Biens et des Maux. Quoi qu’on en dise, ce n’est pas là le style de Jean-Jacques. Il y a dans Cicéron d’effroyables longueurs. Enfin, j’avalerai tout.


Jeudi 16. — C’est chose convenue ; l’entreprise plaît à mon ours. Restait à faire la démarche. Je me suis donc acheminé ce matin, à neuf heures, vers la rue Saint-Hyacinthe. Beau temps au ciel, mais dans les rues, beaucoup de boue. N’importe, ayant du temps devant moi, j’ai pris par le chemin des écoliers, c’est-à-dire par le Jardin des Plantes. Tout en cheminant, je regardais vers le dôme de la Salpêtrière qui, de son côté, semblait me faire la conduite. Poinsot se sentant mieux a voulu essayer de reprendre son service. Que fait-il en ce moment, me disais-je ? . . . . .

J’ai trouvé le Jardin triste, mais beau. Encore des fleurs, les dernières de la saison. Les résédas, peut-être quelques violettes d’automne répandaient dans