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MON JOURNAL.


ajouté : MM. Burnouf, Naudet, Guéroult y travaillent. » Il m’a ensuite avoué qu’il y travaillait lui-même. Comme j’hésitais à dire oui, sans lui en expliquer la raison, j’ai vu mon homme se refroidir par degré, soit qu’il voulût m’avoir à meilleur marché, soit qu’il fût piqué de mon peu d’empressement à mettre mon nom près du sien, ce qui eût été, de ma part, la plus sotte des impertinences et la plus déplacée.

Ce que je ne disais pas, c’était, qu’avant tout, je voulais prendre conseil de mon ours et savoir de lui, si, en cas de réussite, il m’autoriserait à m’employer pour le faire entrer dans notre confrérie.

Au retour, j’ai trouvé M. de Pry qui m’a fait compliment sur ma bonne mine. Tant il est vrai que l’espérance, môme la plus incertaine, donne de la vie au regard, à tous les mouvements.

Le soir, étude délicieuse de la Philosophie de M. de Gérando.


Dimanche 5. — Inquiet de Poinsot — j’étais depuis deux jours sans nouvelles de lui — j’y cours. Je le trouve sur pied et prêta sortir. Poret était avec moi. Nous décidons d’aller contre vents et marée, au musée du Louvre. Pressés par l’heure, nous voyons tout en courant ; mais l’impression a été de celles qui donnent envie de revenir. Il doit y avoir un monde prodigieux.