Page:Michelet - Mon journal, 1888.djvu/127

Cette page n’a pas encore été corrigée
85
MON JOURNAL.


manuscrit : « Voilà de quoi me donner du plaisir demain et les jours suivants ! »

Mais, j’ai à te parler d’autre chose, ou plutôt, j’ai accepté de remplir près de toi une mission délicate. Hier, j’ai amené tout doucement notre causerie sur le terrain du mariage, afin de te confesser à ton insu. Tes réflexions générales ne donnant guère prise, j’ai pensé qu’il valait mieux l’écrire. Avant tout, je veux que tu saches que jusqu’ici j’avais toujours évité d’aborder avec Mlle X ce sujet délicat. Au commencement de mon séjour rue de la Roquette elle avait cherché à me faire parler, mais chaque fois j’avais éludé ses questions. En réalité, je n’avais pas qualité pour lui répondre : non, et la jeter dans le chagrin. Je ne pouvais non plus la bercer d’espérances trompeuses, puisque j’ignorais complètement tes dispositions à son égard.

Je t’avoue qu’à celte époque j’aurais été bien embarrassé pour te donner un conseil. Mais depuis, je t’ai entendu dire, maintes fois, que la question de fortune ne serait jamais pour toi un obstacle sérieux. Si tu n’as pas changé d’avis, je ne crains pas de t’engager à persévérer dans cette bonne pensée pour son intérêt et peut-être pour le tien. Je ne développe pas les raisons qui me font te parler ainsi, puisque c’est d’après toi et d’après Marc-Aurèle (sans le connaître) que je