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MON JOURNAL.


si sensible maintenant à la musique que je ferais, je crois, quelque chose si je l’apprenais [1].

Vendredi 4. — J’ai vu hier Lorrain, toujours le même. Il m’assure pourtant avoir fait de graves réflexions. Je crois que lui et tous ceux qui sortent de l’École normale savent plus, mais sont moins formés que Poret et moi. Ce dernier arrive. On n’est jamais trois sans batailler. Voilà qu’une grande dispute s’engage sur les classiques et les romantiques, et je m’échappe à dire : querelle inutile ; en ce moment, nous sommes tous plus ou moins, des romantiques. C’est une maladie qui est dans l’air, que nous respirons. Heureux qui s’est fait de bonne heure un acquis de bon sens et de naturel pour réagir contre.

Dimanche 6. — Toujours inquiet de Poinsot, je suis parti ce matin pour Bicêtre, par un temps très beau, très chaud. J’étais allé, d’abord, chez mon professeur de seconde, M. Carré. J’aime bien moins sa conversation qu’autrefois. Esprit spirituellement faux et superficiel, il m’a dit que les philosophes m’éteindraient.

Delà, j’ai suivi mon chemin habituel. J’avais en poche l'Imitation. Ce livre est fort beau, je ne

  1. Michelet venait de lire les lettres de Rousseau sur la musique française.