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MON JOURNAL.


nos mouvements avec ceux que nous sentons ne pas nous aimer. Dans ces jours où je subis l’atteinte de la malveillance des hommes, j’éprouve plus fortement le besoin de revoir Poinsot, de me retremper dans son amitié. Elle a tant de délicatesse que j’y sens parfois la douceur d’une amitié de femme.

C’est une chose admirable que sa modération et celle de Poret. Il y a quelque temps, j’étais le plus modéré des trois. Ce changement tient peut-être à ce que mes occupations sont moins fixes, moins sédentaires que les leurs. Dans ces courses quotidiennes, qu’exigent mes leçons, les bruits du dehors me viennent et m’agitent. Mes deux ermites restent, au contraire, souvent toute une semaine sans bouger. L’ostéologie et Thucydide doivent aussi calmer l’ardeur d’un homme.

26 juillet, veille de la Sainte-Anne. — Les mathématiques font languir le journal. Je sens de plus en plus la nécessité d’une exactitude rigoureuse dans les démonstrations. Mais cette méthode me prend beaucoup de temps.

Après avoir été inutilement pour voir M. Carré, je me suis acheminé par la place Royale, la rue Saint-Antoine et le boulevard Bourdon, sentant vivement, dans le chemin, le plaisir de n’avoir