rière d’Italie. L'air était très doux. Je ne sais pourquoi, à la vue de cette aimable campagne,
mon âme était sans ressort. Comment caractériser
la langueur que j’éprouve depuis quelque temps ?
Est-ce la chaleur nouvelle ? Est-ce un affaiblissement
de la constitution ? Il faudrait à ma santé
des ménagements que je ne puis prendre. J’ai
peine à me persuader que je ne mourrais pas de
consomption. Peut-être suis-je ainsi faible parce
que je n’ai pas d’occupations assez attachantes.
Je ne mène plus cette vie insensible de la fin de
l’hiver où les jours m’échappaient, où je ne sentais
l’existence que par les pages que j’avais lues,
où je ne vivais pas par moi-même, mais par le
livre que je courais. Je ne sens plus ce besoin
d’épanchement qui m’a fait commencer si délicieusement
le journal de mon enfance. Ce que
j’éprouve, à bien regarder, est moins langueur
que vide et désœuvrement intérieur. J’ai quelques
élans d’amour des hommes, mais plus rares, moins
énergiques ; je vaux moins, je me porte moins
bien.
MICHELET A POINSOT.
- Mardi 4. Visite de Bodin[1].
Me voilà relevé de ma langueur. Je viens d’avoir
- ↑ Neveu de Mme Montgolfier, il fut un des élèves de Michelet.