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blesse et d’ignorance, mais par je ne sais quel sens qui lui dit que tout par toi arrive, doux, aimable et bon, que tu es le lait de la vie et le miel de la nature.

Quatrièmement, si petit, parlant à peine, à peine marchant, il est déjà comme nous ; son cœur, ses yeux jugent de même, et il te trouve très-belle. Chaque chose est belle pour lui selon qu’elle te ressemble. Tout ce qui de près ou de loin rappelle les formes suaves de sa mère, il dit nettement : « C’est joli. » Quand ce sont des choses inertes, il en saisit moins le rapport avec ta beauté vivante. Mais même en ces choses elle influe puissamment sur son jugement. La symétrie des organes et des formes doubles, de tes mains, de tes yeux, fait son idée d’harmonie.

Du reste, ce qui est en lui magnifique et vraiment divin, c’est qu’il est si riche de vie, qu’il en prête libéralement à tous les objets. Les plus simples lui vont le mieux. Des êtres organisés, vivants, pourraient l’amuser, mais leur action indépendante le gênerait ; il les briserait sans malice, pour les connaître uniquement et par simple curiosité.

Donne-lui plutôt des choses de formes élémentaires (il est encore un élément), et de figure régulière, qu’il puisse grouper en jouant. La nature, au premier essai d’association donne des cristaux. Fais