Page:Michelet - La femme.djvu/97

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pas ton secours pour lui choisir, lui éclaircir les objets de sa volonté.

C’est ici le coup de génie du bon Frœbel, et c’est ici que vraiment, à force de simplicité, il a trouvé ce que les sages avaient cherché vainement, le mystère de l’éducation.

Tel fut l’homme, telle fut la doctrine. Ce paysan d’Allemagne eut beau devenir un habile, il retint un don singulier d’enfance, et la faculté unique de retrouver nettement les impressions de son berceau. « J’étais, dit-il, enveloppé d’un obscur et profond brouillard. Ne rien voir, ne rien entendre, c’est d’abord une liberté ; mais, à mesure que nos sens nous transmettent tant d’images, tant de sons, la réalité nous opprime. Un monde de choses incomprises, sans ordre et sans suite, nous arrivent à la fois et sans consulter nos forces ; nous sommes étonnés, inquiets, obsédés, trop excités. De tant d’impressions éphémères la fatigue nous reste seule. C’est un secours, un bonheur, si une providence amie, de la foule de ces objets, en choisit, en ramène fréquemment tels et tels, doux, agréables, qui, devenant familiers, n’occupent qu’en délassant, et nous délivrent de cette babel. »

Ainsi cette première éducation, loin d’être une gêne pour l’enfant, lui est un secours, une délivrance du chaos des impressions trop diverses