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qui aura tous les effets d’un allaitement de l’esprit.

Éveille, en jouant, sa jeune âme, sa pensée et sa volonté. En lui repose une personne, évoque-la. Et tu auras ce bonheur que cette âme et cette personne, ce désir et ce vouloir, n’auront d’abord d’autre but que toi-même. Sa liberté, aidée de toi, n’aura son premier élan que pour retourner à toi… Ah ! qu’il a raison ! et que tous, après avoir traversé les faux bonheurs de ce monde, nous retournerions volontiers vers le paradis maternel ! Sortis du sein de la femme, notre ciel d’ici-bas n’est autre que de revenir à son sein.

« Mais que ferai-je ?… Sans doute, je me trouverais bien heureuse de devenir son amie et son petit camarade. Que faire ? » — Peu ou rien, ma chère, surtout ce qu’il fera lui-même. — Observons-le, — posons-le doucement dans l’herbe soleillée et sur ce tapis de fleurs. Tu n’as qu’à le regarder ; ses premiers mouvements te guideront. Il va t’enseigner. »

Ces mouvements, ces cris, ces essais d’abord impuissants d’action, les petits jeux qui les suivent, ne sont point du tout arbitraires. Ce n’est pas ton nourrisson tout seul que tu vois ici, c’est l’humanité enfant, comme elle fut. — « Cette première activité, dit Frœbel, nous raconte et nous renouvelle les penchants, les idées, les besoins, que notre espèce eut d’abord. Il peut s’y mêler sans doute