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lui il se dégage de l’immobilité divine, agisse et veuille correspondre, aille à elle de tout son petit cœur, qu’il ait l’élan de se donner.

Ce second moment de l’amour et de la foi mutuelle, est saisi dans une œuvre unique, que la France possède au Louvre. L’auteur, Solari (de Milan), se survit par ce seul tableau ; tous les autres ont péri. Il avait vécu longues années chez nous, et il eut le double sens, l’âme des deux nations sœurs. Autrement eût-il trouvé l’exquis de la vie nerveuse, son délicat frémissement ?

Ici, point d’effet magique, point de mystérieux combat entre la lumière et la nuit. Au grand jour, sans artifice, sous un arbre, dans un paysage agréable et médiocre, une mère et son enfant ; rien de plus. Même çà et là, la crudité de tel ton (effet des restaurations ?) blesse les yeux. Et comment le cœur est-il si troublé ?

La jeune mère, fine et jolie, singulièrement délicate, veut bien plus qu’elle ne peut. Non que son sein manque de lait ; il est beau de sa plénitude, beau de tendresse visible et d’un doux désir d’allaiter. Mais si frêle est cette personne charmante ! On se demande comment elle nourrira la belle source, sinon de sa propre vie.

Qui est-elle ? Une fleur italienne, chancelante, un peu épuisée ? ou une nerveuse Française (je le