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dans leurs Versailles, l’exposition du couchant qui glorifiait leurs fêtes. Mais celui qui sanctifie la vie par le travail, celui qui aime et met sa fête dans l’enfant et la femme aimés, celui-là vit le matin. À lui-même il assure la fraîcheur des premières heures où la vie, tout entière encore, est énergique et productive. À eux, il donne la joie, la prime fleur de gaieté qui enchante toute la nature dans le bonheur de son réveil.

Que comparer à la grâce innocente et délicieuse de ces scènes du matin, lorsque le bon travailleur ayant prévenu le soleil, le voit qui, sous les rideaux, vient admirer la jeune mère et l’enfant dans le berceau ? Elle est surprise, elle s’étend : « Quoi ! si tard ! » — Elle sourit : « Oh ! que je suis paresseuse ! » — « Ma chère, il n’est que cinq heures. L’enfant t’a souvent réveillée ; je te prie, dors une heure encore. » Elle ne se fait pas trop prier, et les voilà rendormis.

Fermons, doublons les rideaux, et baissons la jalousie. Mais le jour, dans sa triomphante et rapide ascension, ne se laisse pas exclure. Un charmant combat s’établit entre la lumière et l’ombre. Et ce serait bien dommage si l’on refaisait la nuit. Quel tableau on y perdrait ! Elle, penchée vers l’enfant, elle arrondit sur sa tête la courbe d’un bras amoureux… Un doux rayon cependant parvient à s’in-