Page:Michelet - La femme.djvu/53

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mademoiselle, et c’est mauvaise volonté. Vous êtes fière, cela ne vaut rien. Il faut faire comme les autres, il faut avoir un amant. » Il ne sortit pas de là.




Je n’ai jamais compris comment on avait la force de siffler une femme. Chacun d’eux est peut-être bon, et ils sont cruels en masse. Cela arrive parfois dans telle ville de province. Pour forcer le directeur à dépenser plus qu’il ne peut, et à faire venir les premiers talents, on exécute chaque soir une infortunée qui, elle-même, aurait du talent, mais qui, sous cet acharnement, ce honteux supplice, perd la tête, chancelle, bégaye, ne sait plus ce qu’elle dit. Elle pleure, reste muette, implore des yeux… On rit, on siffle. Elle s’irrite, se révolte contre une si grande barbarie. Mais alors, c’est une tempête si horrible et si féroce, qu’elle tombe, demande pardon…

Maudit qui brise une femme, qui lui ôte ce qu’elle avait de fierté, de courage, d’âme ! Dans Une Fausse Position, ce moment est marqué d’une manière si tragique et si vraie, qu’on sent que c’est la nature même ; cela est pris sur le vif. Camille, la femme de lettres, habilement entourée