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N’ayant point à punir, au contraire n’intervenant que pour adoucir les sévérités de la discipline, la dame obtiendrait des enfants une confiance infinie. Elles seraient heureuses de lui ouvrir leurs petits cœurs, ne lui cacheraient rien de leurs chagrins, ni de leurs défauts même, lui donneraient ainsi les moyens d’aviser. C’est tout que de savoir. Dès qu’on sait et qu’on voit le fond, on peut, en modifiant souvent très-peu les habitudes, rendre les punitions superflues, faire que l’enfant se réforme lui-même. Il le voudra, surtout s’il veut plaire, être aimé.

Il est, dans une telle maison, cent choses délicates que la maîtresse ne peut faire, des choses de bonté, de patience, de tendresse ingénieuse. Qu’une enfant de quatre ans, je suppose, soit amenée, dans la douleur éperdue, les frayeurs imaginatives que leur donne le délaissement, la grande affaire, c’est qu’elle vive. Il faut quelqu’un qui l’enveloppe de bonté, de caresses, qui, peu à peu, la calme par de légères distractions, qu’enfin la fleur coupée, arrachée de sa tige, reprenne à une autre par une espèce de greffe. Cela est difficile et ne se fait jamais par des soins collectifs. J’ai vu un de ces pauvres désolés qui se mourait dans la grande maison de Paris. Les sœurs compatissantes lui avaient bien mis sur son lit quelques jouets. Mais il n’y