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Pour la réaliser, je voudrais, c’est mon rêve, que les orphelines surtout ne fussent pas réunies en grandes maisons, mais réparties en petits établissements à la campagne, sous la direction morale d’une dame qui en ferait son bonheur.

Études, couture et culture, j’entends un peu de jardinage (pour aider la maison à vivre, comme font les Enfants de Rouen), tout cela serait conduit par une jeune maîtresse d’école, aidée de son mari. Mais la partie religieuse et morale de l’éducation, ce qu’elle a de plus libre, lectures d’amusement et d’édification, récréations et promenades ; ce serait l’affaire de la dame.

Avec des enfants, des filles surtout, il faut certaines douceurs, quelque chose d’un peu élastique, et tout ne peut être prévu. La maîtresse, représentant de l’ordre absolu, en jugerait mal. Il faut à côté l’amie des enfants, qui ne décide jamais sans la maîtresse, mais en obtienne telle concession, telle faiblesse raisonnable que demande la nature. Une femme d’esprit laisserait ainsi à celle qui a la grande assiduité et tout le mal l’honneur du gouvernement ; mais, se faisant aimer d’elle, rendant de bons offices à ce ménage, elle influerait tout doucement, dirigerait sans qu’il y parût, et, à la longue, formerait la maîtresse elle-même, lui donnerait son empreinte morale.