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dité éphémère, ne peut inspirer que langueur. C’est ici, dans le Nord, une végétation de vertus, qui nous conseille de créer dans nos œuvres de nouvelles raisons de durer.

Non pas de durer seuls, mais de continuer nos groupes naturels, des groupes d’âmes, amantes et amies, qui agissent ensemble, l’immortalité composée, où plusieurs se cotisent. Faibles chacun peut-être, ils s’associent, s’arrangent pour durer par l’amour.

La médecine peut rire de nos simples. Cependant, s’ils ont peu d’action sur les corps endurcis aux remèdes héroïques et tristement blasés d’héroïque alimentation, ils sont très-bons pour des gens sobres, pour une femme surtout de mœurs douces, de vie uniforme, d’organes purs, sensibles, vierges malgré le temps.

Laissez-la donc, cette innocente, ramasser crédulement tout cela. C’est une grâce de femme de cueillir, préparer, ces charmants trésors de la France.

De bonne heure, aux coteaux pierreux bien abrités, elle partage avec les abeilles le romarin dont la fleur bleue aromatise le miel de Narbonne. Elle en tire l’eau céleste qui console le cerveau le plus affligé. Bien avant dans l’automne, de société avec l’oiseau, elle cueille les baies des arbustes. Elle