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Gaules (verveine ou bruyère, n’importe) : « Tu nous aimes… Eh bien, nous t’aimons, nous t’attendons… Sache-le, nous sommes ton avenir même, ton immortalité d’ici-bas. Ta vie pure, ton souffle innocent, ton corps sacré, nous reviendront. Et, quand ton génie supérieur, affranchi, dépliera ses ailes, ce don d’amie nous restera. Ta chère et sainte dépouille, veuve de toi, va fleurir en nous. »




Ce n’est pas une vaine poésie. C’est la vérité littérale. Notre mort physique n’est rien qu’un retour aux végétaux. Peu, très-peu est chose solide dans cette mobile enveloppe ; elle est fluide et s’évapore. Exhalés, en bien peu de temps, nous sommes avidement recueillis par l’aspiration puissante des herbes, des feuilles. Le monde si varié de verdure dont nous sommes environnés, c’est la bouche, le poumon absorbant de la nature, qui sans cesse a besoin de nous, qui trouve son renouvellement dans l’animal dissous. Elle attend, elle a hâte. Elle ne laisse pas errer ce qui lui est si nécessaire. Elle l’attire de son amour, le transforme de son désir, et lui donne le bienfait de l’aimable métamorphose. Elle nous aspire en végétant, et nous respire en fleurissant. Pour le corps, ainsi